Adoptez Mimi

Hermine vivait en célibataire, libre et sans attache, elle était devenue la meuf qui trace au boulot. Aussi, m’avoir dans les pattes avait fini par la gêner. Surtout que j’étais drôlement active, de jour comme de nuit. Faut dire, la vie avec elle, c’était formidable. Après mes errances, je quémandais une attention constante. Je voulais jouer avec elle, dormir avec elle, manger à sa table, je l’attendais quand elle prenait sa douche, devant la porte. Sauf que ni l’une ni l’autre ne possédions cet instinct si confiné. Nous étions devenues le centre d’intérêt l’une de l’autre, plus rien d’autre n’existait en vérité. Elle n’en pouvait plus, elle débordait de tant de présence féline.

Ma mission avait été de sauver Mimi, maintenant, elle doit vivre dans une famille où s’épanouir, avait-elle décidé. Elle avait déposé une annonce sur un site qui vendait sujets et objets : « Adoptez Mimi, Chat-de-Van, de type européen, yeux vairons, fourrure d’un blanc immaculé, à poils courts ; Sourde ; Longue queue, oreilles et coussinets couleur rosés ; Vaccinée, stérilisée et tatouée ; En très bonne santé, pleine de vigueur ; 9 mois environ ; Voudrait être adoptée chez une famille disponible et attentive, aimable et amicale ; Aimant beaucoup, beaucoup jouer et en quête perpétuelle de tendresse. »

Quand je me réveille ce jour-là, il neige. Je la vois qui me regarde, les yeux tristes. À ses côtés : Un grand type sec et nerveux. Mimi, réveille-toi, dit-elle en me caressant. Je me lève en maugréant, m’approche du grand type sec et nerveux. Il dégage une odeur rance et âcre. Il dit que je suis trop belle, les yeux luisants. Trop luisants. J’ai envie de lui sauter au visage, de planter mes griffes dans ses yeux. Vous la prenez alors ? demande-t-elle. Oui, il réplique, impatient. Il tape du pied par terre.

Tout à coup, mes affaires sont emballées dans une caisse et le temps qu’il aille chercher sa voiture, Hermine attend dans le hall de son immeuble. Elle me tient contre son coeur. Je ne me rappelle même pas avoir quitté notre cocon, pris l’ascenseur. Je suis blottie dans ses bras, dans le hall marmoréen et je pleure. Des râles de chats mêlés à des miaulements et des feulements. Je rentre dans ma petite valisette sans sourciller, moustaches immobiles, vibrisses au repos, les yeux ronds au-dessus de mes pommettes hautes, la respiration coupée, les oreilles et le cou rentrés. Il m’emporte. Ils ne se saluent pas. C’est fini. Je ne peux pas le croire, pas comme ça.

À suivre…

#lanouvelleolympe

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