Et puis il y a eu cette proposition. Juste après la bénédiction, avec le père POP à Pigalle. De faire de moi une #chatctrice : Mimi au cinéma. Pour le film de la zone érogène de Gilles Verdiani : Reception (save the date). Mon personnage, c’est Robocat, un chat qui arrive d’un Japon futuriste. J’vous raconte…
Gilles Verdiani, c’est un critique de cinéma, scénariste, romancier, et un cinéaste. Il écrit baroque, suggestif, élégant et drôle, en mêlant plein d’influences, plein de pratiques artistiques et d’allégories bibliques. Il m’a proposée de jouer le rôle d’une p’tite chatte libérée, dans son long-métrage Reception (save the date).
Ce film est une comédie satirique et humoristique sur la liberté. Un film choral : 20 amis, réunis dans un hôtel particulier pour une réception, se séduisent et jouent de leur sensualité, quand un inspecteur de la police des mœurs s’infiltre. Comédie de science-fiction, l’histoire se déroule dans un monde où seule la question du désir se pose, au sens d’Eros. Où plus aucun problème n’indigne, plus aucune loi ne révolte, plus aucune différence ne déséquilibre la société. Les femmes sont les égales des hommes, ou l’inverse. Seul le libertinage n’est pas réglementé. Les chats ont enfin leur place, véritables êtres sensibles, dotés d’élans aussi voluptueux que les humains. Plus d’actualité que jamais. Souvent, les artistes sont visionnaires.
Gilles a d’abord réuni toute l’équipe du film dans une boîte de nuit à la mode, La Foul’E à Pigalle juste à côté de l’église sainte Rita où j’ai été bénie, pour souder nos liens : production, technique, acteurs. On a bu du champagne POP délicieux. Ensuite, les répétitions ont commencé. Dans un lieu indéfini, en mauve et vert d’eau, aux couleurs des peintures de l’artiste suédois Nils Thornander, compositeur du film.
Dès la première scène, Gilles fait référence à la Pieta. Je me sens dans mon univers, spirituel et artiste. Et puis je déchante : un tournage, c’est drôlement long. Il faut attendre entre les prises, vérifier les accessoires, les costumes, répéter les textes, les lumières, les câbles, le son et puis moi, tellement curieuse, j’ai envie de me faufiler partout alors il faut sans cesse partir à ma recherche. Sans compter ma surdité, qui rajoute quelques difficultés.
Silence, on tourne ! Moteur ! Action ! J’apprends à lire sur les lèvres et me met en place, entourée des acteurs, tous fous de moi.
Je relis une dernière fois le scénario : Romain fait une entrée remarquée, un grand sac à l’épaule. Tel le Messie ressuscité à la sortie du tombeau, Romain provoque une joie éberluée chez ceux qu’il croise : d’abord Marguerite, qui se signe en triangle, à son passage…
ROMAIN
Bien chère sœur, bénissez-moi car je vous adore.
Gabriel applaudit discrètement.
GABRIEL
Surprise ! Le roi Romain est de retour en son palais. Lucrèce ! Où est-elle passée Cléopâtre ?
LUCRECE
Qu’est-ce qu’il y a dans le sac ?
ROMAIN
C’est un cadeau pour toi.
Romain s’accroupit pour ouvrir le sac.
ROMAIN
J’étais à Tokyo il y a trois jours, j’ai pensé que cela te ferait plaisir. Vous allez voir c’est assez étonnant.
Il ouvre le sac, un chat blanc s’en échappe.
LUCRECE
Un robocat ! Mais qu’il est beau !
ROMAIN
C’est bien imité non ? Et bien sûr il ne mange pas, il ne pisse pas, il ne miaule pas.
ROMAIN
La fourrure, c’est pas encore parfait, mais vous savez que les Japonais n’ont jamais été à l’aise avec les poils.
Tout le monde s’extasie sur le robocat. Tout le monde est accroupi à jouer avec le robocat…
Quel bonheur d’être une star, et le centre d’intérêt… Merci Gilles Verdiani
À suivre