En vérité, la petite fille, Léa, et ELLE, avaient soupçonné une éventuelle surdité. Elles n’en étaient pas sûres, peut-être que, tout simplement, je réagissais quand j’en avais envie. Méfiante et craintive, je préférais observer avant d’interagir. C’est Mary, qui va en avoir la certitude.
Mary est une amie de ELLE. Qui habite ici, au bout du monde, où elle est née. Mary est une ardente protectrice de la cause animale. Elle a créé une association locale de défense des animaux, elle vit entourée d’animaux. Elle sait leur parler. Mary est toujours disponible. Fidèle et sincère. Soucieuse de vérité et de justice. Le chef, au syndicat d’initiative, également poste de secours, n’a pas voulu s’occuper de moi. Au motif que j’étais mal au point, et que c’était pas hygiénique dans son Algeco. Lui, susceptible de soigner les plaies de surfeurs ou d’enfants écorchés par les rochers malgré leur Meduse, de raviver la flamme de noyés imprudents. Il a suggéré qu’on aille me déposer au refuge du coin. À L’époque, le refuge en question faisait l’objet d’une sérieuse et très sévère enquête. On accusait les propriétaires de mauvais traitements sur les animaux, d’abus de toutes sortes, mais surtout de confiance, de recels, de trafics. J’exagère peut-être : en lisant sur leurs lèvres, en tentant de suivre leur conversation, c’est ce qu’il me semblait comprendre. Quoiqu’il en soit, quelques jours plus tard ce refuge a été fermé, les propriétaires jetés en prison et les animaux encore en vie sauvés. Ce jour-là, c’était le seul endroit où me placer, le temps de réfléchir. Le chef sauveteur a appelé. Ça ne répondait pas. Bien sûr, a-t-il conclu : le refuge est fermé, à l’heure du déjeuner. Ça a été la chance de ma vie.
La petite Léa devait rentrer : sa mère l’attendait pour déjeuner. Elle ne pouvait pas m’inviter ni me garder parce que son grand-père, qui avait invité la mère et fille comme chaque été, était allergique. On ignorait que j’étais de cette sorte de chats hypoallergénique. De même qu’il serait impossible de certifier ma race, puisque j’avais été trouvée abandonnée, il serait, en conséquence, tout aussi impossible de vérifier cette particularité, apanage des chats d’Europe de l’Est et d’Asie du Nord. C’est en se léchant, en faisant sa toilette, moments Ô combien importants de la journée d’un chat, qu’il développe ou non des allergènes qui se répandent sur l’ensemble de son pelage. Les poils en tombant, peuvent alors provoquer rhumes, toux, éternuements, les yeux secs, qui grattent et qui piquent.
ELLE était perdue : Que faire de cette p’tite chatte. À la maison, c’est compliqué, avec tous les cousins cousines, l’été. Et si j’appelais Mary. Elle, elle saura. Aussitôt dit aussitôt fait. Mary, toujours joignable : Bien sûr, ne t’inquiète pas, on va venir la chercher. À peine avaient-elles raccroché que Mary et Nick étaient là, devant nous. Nick a arrangé le coffre, disposé une couverture et m’y a installée. C’était un p’tit nid douillet, quoique brinquebalant.
Chez Mary, c’était mieux qu’un salon de beauté. J’ai été baignée, shampouinée, rincée, massée et chouchoutée, séchée sur un transat au soleil, dans son jardin, préservée de la curiosité de ses chiens, ses chats et ses poules. Mary m’a enlevé tiques et puces une à une avec un peigne et une pince à épiler. J’ai reçu de l’eau et des croquettes et plein de bisous partout. Ensuite, elle a appelé son véto et a pris rendez-vous. Plus tard, elle a passé l’aspirateur dans la maison. Tous ses animaux se carapataient sauf moi, ils semblaient incommodés par quelque chose que je n’identifiai pas. Quelque chose qui semblait déranger leurs oreilles. Pour ma part, je trouvais agréable le souffle froid comme une brise. J’aimais regarder les poils blancs, gris, noirs, avalés. J’avais remarqué qu’il était possible de s’asseoir sur la bête aspirante, c’était ludique. Tout à coup, Mary s’est figée. Elle s’est mis à taper ses mains l’une dans l’autre en m’observant. Elle a arrêté de manier son engin et soudain m’a parlé : Tu est sourde, p’tite chatte, pas vrai ? Le véto a confirmé.
Le véto a poursuivi : Il faudra la stériliser. À la configuration de sa mâchoire, elle n’a pas six mois, cette petite chatte. Elle n’est ni pucée, ni tatouée. Non identifiée : elle est à vous. Elle a des blessures qu’elle nettoiera seule, en les frictionnant à l’aide de à sa langue râpeuse. C’était réglé. Il m’a injecté un liquide dans le cou, à l’aide d’une minuscule pipette, dans un endroit impossible à lécher même en me contorsionnant comme un Barbapapa, m’a fait avaler des médocs en contactant ma mâchoire pour qu’elle reste ouverte et que je ne recrache rien. Voilà, elle est traitée contre puces, tiques et vers. Il faudra penser aux vaccins, a-t-il résumé en offrant de petits sacs de croquettes.
En rentrant chez Mary, ELLE avait pris sa décision, irréversible : Tu es certaine Mary, tu ne veux pas le garder, ce chaton tout blanc ? -Non, j’en ai déjà trois, et deux chiens, et puis regarde, c’est trop risqué chez moi, y’a le danger de la route, je n’ai pas de clôture ici, et le danger des renards qui s’approchent parfois. -Bon, alors je la ramène à Paris avec moi. -Vous vous êtes trouvées, j’en suis sûre. En attendant que tu partes, je vais la garder ici. N’oublie pas de lui réserver une place dans le train et de lui acheter son billet, c’est obligatoire pour transporter les animaux. Et t’inquiète ! je vais te donner une petite valisette, et ma maison-litière parce qu’elle ne me sert pas. Mes chats vivent dehors tu sais, ce ne sont pas des chats d’intérieur, alors qu’elle, on dirait bien que c’en est une, toute docile et câline. Je te préparerai un peu de litière, et un p’tit coin croquettes et eau, tu verras, j’ai des petites vaisselles rétractables très commodes. Mary, elle était roots. C’était pas moins une fille de la ville que des champs.
Pendant ces quelques heures avant le Grand Départ vers la capitale, je ne cessais de me faire shooter par Nick, photographe. J’ignorais alors que mon destin, ce qui m’attendait, était d’être une star…
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Bonne écoute, et bonne lecture !
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